Plénieres du 9 juillet 2014

Séance plénière : "la diversité des approches disciplinaires pour aborder le thème des savoirs agro-écologiques"
  • Intervenants : Nathalie Girard, directrice de recherche INRA, UMR Agir, Patrick Mayen, professeur des universités en didactique professionnelle à Agro Sup Dijon et Elise Demeulenaere
  • Ouverture du colloque par Thierry Dupeuble, directeur de SupAgro Florac
Avec notamment l'appui de POFE / sous direction des politiques de formation à la DGER
  • David Kumurdjian (SupAgroFlorac), rappelle l'engagement collectif de toute l'équipe de Florac et du comité de pilotage pour préparer ces journées.
Programme et méthodologie pour le colloque
Premiers temps en plénière : pas formaliser l'agroécologie mais poser des questions
Ateliers : progressivité articulée avec plénières et terrain
Thèmes sur la collecte et la transmission.
Les groupes des ateliers thématiques seront disséminés sur les ateliers de terrain pour rapporter une diversité de regards et rebrasser les idées qui seront mises en discussion par les intervenants des plénières.
Pour terminer une dernière table ronde sera réalisée avec des professionnels qui réagiront aux travaux des ateliers.
Les animateurs d'atelier ne sont pas forcément des experts en agro-écologie, d'où l'intérêt de reformuler parfois ! De même que les acteurs de terrain qui seront rencontrés ne sont pas toujours conscients de faire des démarches agroécologiques !
  • Conférence

  • Nathalie Girard, directrice de recherche INRA, UMR Agir, département SAD Toulouse (voir présentation)

D'où je parle :
- modélisation de connaissances d'experts
- recherches sur la gestion des connaissances

1. Quelques points de repères issus des sciences de gestion, ex dans le domaine agronomique

Apports des sciences de gestion :
- management : comment les acteurs coopérent. Gestion des connaissances (KM) : carrefour disciplinaire : gestion, comptabilité, ...
Quid des connaissances agroécologiques

Collecter des connaissances :
  • Essai de défintiion :
    • extraction, verbalisation, etc... (même si ce n'est pas synonyme)
    • dans les sc. de la gestion on parle de : nature tacite des savoirs d'un individu : compétence personnelle, spécifique à un domaine d'action / par opposition aux connaissances explicites
C'est une valeur cruciale dans les entreprises : leur savoir part quand ils partent en retraite. De plus avantage concurentiel/ aux autres entreprises du même secteur. Capital interne...
Donc il faut expliciter ces savoirs tacites pour les transmettre et les capitaliser
En agriculture : vague des "systemes expert" dans les années 80 et 90 avec l'intelligence artificielle. Bilan mitigé peu d'application et de diffusion et difficulté car couteux et complexe (le système expert ne vient pas sur le terrain pour l'observer...)
Pas simple de passer du tacite à l'explicite : goulet d'étranglement

2. Collecter, Transmettre des connaissances :
Une vision souvent patrimoniale des connaissances, comme un stock, préexistant à l'action, en faisant l'hypothèse que l'explicitation ne les dénaturera pas. et en faire des supports (ex : banque de savoirs)
Une gestion à visée instrumentale

Opposition entre deux catégories de connaissances :
- empiriques : construites en accumulant des obs° et de expé et en les conceptualisant
- scientifiques : produites en situation controlée et validée par des communautés de pairs
=> vers + de diversité et d'hybridation, dépasser cette opposition un peu stérile. Integrer les connaissances tacites implicites en les explicitant et les intégrant dans les connaissances scientifiques

4 mode de conversion des connaissances de tacite vers explicite
- intérioriser (prof explique, apprenant intériorise)
- socialisation (apprendre en situation, par sa famille ?)
- extériorisation ? (machine à café)
=> Combinaison
Que veut dire transmettre ? suffit-il de collecter pour rendre disponible ? non, la seule "explicitation" est déjà une transformation des connaissances. Et la collecte aussi. La collecte est déjà une situation d'apprentissage.
Il faut s'intéresser aux rôles des acteurs du savoir (légitimité, pouvoir, relations entre eux...), : formes de la prescription : forte (conducteur de train) ou faible (conducteur de bus)

3. Knowing : une autre facon de théoriser les connaissances
C'est différent du savoir explicite.
Prédominance de l'action en situation
C'est un processus qui dépend de la relation avec les autres et avec le monde matériel
Mais peu de gens ont travaillé sur la gestion du knowing


4- Questions sur connaissances et pratiques agroécologiques
Des bases scientifiques pour une "nouvelle agronomie" Altieri et autres concepteurs de l'AE
AE scientifique : Systèmes plus fondés sur les processus agro-écologiques et qui vont plus chercher à les utiliser plutot qu'à les contrer.
Comment formaliser ces connaissances AE ? Notion d'incertitude forte, voir d'ignorance partielle
Plus de connaissances scientifiques vont-elles diminuer l'incertitude ?
Comment gérer l'ignorance ? Est-ce assumable ?
La complexité va amener une gestion moins planifiée des processus avec ajustement chemin faisant
Importance du local et process d'apprentissage dans l'action (pas grand chose sur le Knowing)

Formes de connaissances qu'il faudrait produire? Y a t-il des spécificités des connaissances AE et quelles sont-elles?

Patrick Mayen, Agrosup Dijon
Entrée différente dans la question : savoirs, pratiques, transmissions, quelles articulations ?
et essai de déf° de savoirs agroécologiques
Il travaille dans la didactique pro, comment on apprend dans le travail et par le travail, dans la formation et par la formation, pour optimiser les apprentissages et la formation.

1. Préambule sur les concepts, les mots : pratiques, savoirs, actions...
- Les pratiques sont premières, (par rapport aux savoirs) et c'est mieux de partir de là pour écrire des référentiels, les savoirs à apprendre...
Voir comment les gens utilisent des combinaisons de savoirs...
- les savoirs circulent (scientifiques, formalisés ou pas, technique...) dans les fiches, schémas, procédures... dans les instruments de mesure, contrôle, les machines... des savoirs incorporés...
- ce qui est en jeu, c'est plus l'action que les savoirs ; des conditions de l'actions (faciles, difficiles, les risques, aléas, techniques, financiers, échange sur des scénarios... on raisonne devant les autres, avec eux...
On entend parler de concepts, de lois, de règles (ex avec Joëlle Bazile http://www.decitre.fr/revues/initiatives-de-l-enseignement-agricole-n-1-janvier-2000-situations-professionnelles-situations-de-formation-5552844440153.html, son travail sur la traite des vaches laitières et le concept de microbe qui est derrière certaines pratiques)
- Le travail c'est aussi les postures du corps, ses difficultés
Tout cela est presque à dispostion dans les milieux de travail, pour ceux qui observent mais aussi pour ceux qui travaillent entre eux
John Dewey ( http://www.cndp.fr/savoirscdi/societe-de-linformation/le-monde-du-livre-et-de-la-presse/histoire-du-livre-et-de-la-documentation/biographies/john-dewey-philosophe-americain-de-leducation.html ) parle d' évaluation, donner de la valeur (facile, possible, il faudrait que, ce serait mieux, c'est pénible, c'est dégoutant,...)
Ca signifie que dans les situations de travail, les objets sont désignés, valués...
C'est des savoirs mais c'est des mots sur l'action, cela vient de l'action : nous apprenons par la participation au monde. ces apprentissages implicites peuvent avoir une grande valeur individuelle mais pas forcement sociale c'est pour çà qu'on a inventé l'école
Proposition : raisonner de cette manière permet de traiter de l'action, de l'apprentissage, des conditions d'apprentissage et transmission.
Comment construire des situations qui ont un fort potentiel d'apprentissage ?
Comment s'inspirer des modes spontanés d'apprentissage pour pouvoir proposer des situations construites d'apprentissage?
Comment intégrer les activités valuatives (càd ??voir plus haut : ce qu'on pense d'une situation) seraient occultées par les activités évaluatives...

2. Intégration de ces concepts dans la question de l'AE

par exemple s'interesser à l'ensemble des situations et des actions qui interfèrent dans un processus de production et qui étaient négligés
qu'est-ce qui caractérise l'agriculture conventionnelle ?
- Standardisation contre Diversité
- homogénéistaion / Singularité
(souvent besoin de faire des détours pour faire apprendre...)
- Dans l'Agriculture Conventionnelle, la part d'expérimentation est prise par la science alors qu'en AE, l'expérimentation se fait en situation de travail donc nécessité de travailler avec les élèves
- But fixé et moyens ajustés dans l'agriculture conventionnelle, tandis que dans une agroécologie, on réévalue les buts...

Quelques points de rupture entre Agriculture Conventionnelle (AC) et Agro-écologie (AE) :
- Agriculture Conventionnelle : réduction des risques et du stress par les moyens utilisés (un moyen pour une fin, un moyen pour un but...); AE : on vit avec les risques avec moins de moyens mais plus d'expérience, de contrôle et de surveillance.
- AC : 1 moyen pour une fin ; AE : multiplier le répertoire des moyens / leviers pour atteindre un but y compris par des moyens détournés.
- AC : supprimer, faire contre AE : Utiliser les phénomènes / faire avec
- AC : on rêve de péreniser les pratiques afin dêtre en sécurité (réduction des variables, connaitre quelques especes/AE : on réadapte en permanence (identifier les variables, multiplier la connaissances des espèces,...)
+ d'ajustement, de réflexion, + de connaissance sur les espèces et variétés... avec des répertoires d'actions alternatives...
- L'espace AE est plus large car s'étend à l'ensemble des acteurs (expansion vers les autres mais aussi Arrivée des autres chez un agriculteur qui n'est plus tout à fait maître chez lui... La q° des frontières est bousculée.
- AC : on limite les êtres vivants / AE Les autres êtres vivants (pas que les hommes) entrent dans l'espace en AE

Ceci nécessite la décentration (Piaget) construire un point de vue qui est la combinaison des autres points de vue et qu'il faut continuellement remettre en cause (pas acquis) tout au long de la vie. Savoir aussi se mettre à la place des autres...
- Des conceptions à transformer (partagées d'ailleurs des libéraux aux marxistes léninistes...) , des freins à faire évoluer : homme maîtrise la nature, homme au centre du monde
- Il faut anticiper davantage : Notion de court terme et long terme... avoir construit des "invariants opératoires"...
Tout cela a beaucoup de conséquences sur les modes d'apprentissage !


Elise Demeulenaere, chargée de recherche CNRS au MNHN en éco-anthropologie et ethnobiologie. ( http://www.ecoanthropologie.cnrs.fr/article420.html )
autre perspective un peu décalée, interdisciplinarité, réaction au 3 termes clés du titre du colloque

1. Les savoirs
Actions menées dans les années 80 sur les savoirs des sociétés autochtones, les savoirs technologiques traditionnels (dimension cognitives et pratiques)
Traditional Ecological Knowledge (TEK) et évolution de la notion avec la notion de gestion (je n'ai pas chopé l'acronyme) issu du travail de communautés autochtones (non-occidentales) et de...
L’éco-anthropologie est un domaine de recherche qui se place à l’intersection de l’étude des systèmes naturels (écosystèmes) et de celle de l’espèce humaine et des systèmes sociaux.
Perspective constructiviste :
Des références à Michael R. Dove http://environment.yale.edu/profile/dove/pubs
caractère pur des savoirs, essentialisme ??? (utilisé dans un contexte politique)

Risque de croire que les savoirs scientifiques ne sont qu'au service d'une agriculture "moderne"
Les chercheurs travaillent aussi à l'intuition, sont ausi attachés à leur terrain
"Les savoirs paysans seraient holistiques, les savoirs scientifiques seraient objectifs" => dépasser ces oppositions stériles
Existe une diversité des visions du monde.


2. Agroécologie ou Ecologisation de l'agriculture ?
Elle s'intéresse à l'écologisation de l'agriculture (au sens vraie réorientation), d'autres parlent de verdissement (qui ne serait qu'un affichage / opportunités de marché)
verdissement = affichage d'objectifs du greenwashing
Cette distinction lui parait difficile, comme si on savait reconnaître les intentions des acteurs...
Evocation de la grille ESR Efficience / Substitution / Reconception de Hill et Mac Rey ?

3. Transmission
Notion de transmission lui évoque des aspects "fixistes", comme si on tranférait un même corpus de connaissance partout...
Communauté de pratique (Wenger ) Biblio : http://www.academia.edu/1127961/Les_communautes_de_pratiques_note_de_synthese
ne sont pas seulement des savoirs qui sont transmis, mais de manière simultanée des savoirs, un sens et une identité
parmi les terrains, celui du collectif pour les semences paysannes
amoontré que des agricul

conditions de dvpt de l'AE :
  • Alliance des différents acteurs
  • Le fait de travailler sur le vivant au quotidien impose une certaine humilité car milieu incertain, on est dans des postures d'accompagnement de compagnonnage. Les chercheurs peuvent avoir une posture personnelle moins utilitaristes que les outils qu'ils utilisent

Pour N. Girard :
  • Pourriez-vous réexpliquer la notion de Knowing ? (pas bien compris, peut-être avec un exemple où on verrait ce qui relève du savoir implicite, et ce qui relèverait du knowing ?) (je transmettrai la question, merci)
Pour Elise Demeulenaere :
  • difficile de transmettre des savoirs en faisant référence à tant d'auteurs et des concepts peut-être pas partagés par tous

Pour P. Mayen :
  • suite à sa caractérisation de l'agriculture conventionnelle et de l'agroécologie, pourrait-il partager ses pistes pour les conséquences sur les modes d'apprentissage de l'agroécologie / des savoirs agroécologiques ?
Pour les 3 :
  • pourrait-on avoir des propositions de définition de savoirs agroécologiques, jusqu'où ça va ? en parle-t-on aussi pour des modes de transformation / ex ?

Questions/réponses :
  • Savoirs traditionnel pas forcément écologiques (écobuage)
  • Rq d'un participant sur la question : ça dépend on date le traditionnel à partir de quand, dans les savoirs traditionnels il y en a un certain nombre très écologiques et loin du consumerisme...
Question Enseignant Montmorot : on a l'habitude encore de réduire en cendres la MO (arretes d'interdiction de collectivités); on retrouve çà aussi dans des communautés traditionnelles alors que ce n'est pas bon pour le sol. La question : pourquoi ces pratiques traditionnelles destructrices ?
Réponse : travailler par les agronomes ds contextes tropicaux.
PM: la question lui évoque 2 choses : L'expérience peut produire des bonnes choses et des mauvaises, y'a du fantasme. Un geste n'est pas forcément représentatif de la même action, qu'est ce qu'on fait quand on fait du feu, y'a du freudien là-dessous. Comment c'est socialement travaillé?
Remarque FX Jacquin : le brûlis montre que le savoir agroécolgoique paysan n'est pas toujours agroécologoqiue...

Q° du knowing :
- exemple du vélo : vs développez un certains nombre de connaissances quand vous conduisez, c'est une part de l'activité qui vous permet d'équilibrer, de se pencher comme il faut... ce savoir ne se pense pas vraiment en dehors de quand on fait l'action...
- ex de la fabrication de flûtes : sensation de la bonne flûte, construire collectivement les meilleures flûtes du monde, et cette connaissance là n'existe pas en dehors de ce contexte particulier.

Philippe Prévost : Transmission vs expérimentation : mots à expliciter ?
PM : transmission, c'est ou çà se transmet, l'action
y'a pas un sujet recevant et un sujet distribuant, y'a de la transmission qui arrive même si y'a pas souhait de transmission.
ya de la demande de transmission et c'est pas toujours nul
expérimentation (au sens de John Dewey, Michel Fabre...) : faire une expérience de manière consciente volontaire complète organisée systématique alors que souvent ce n'est pas le cas y compris dans l'expé scientifique